lundi 28 avril 2014
Le débat public sur l'interdiction de la circoncision fait rage en Allemagne
Depuis le jugement du tribunal de grande instance de Cologne interdisant la circoncision pour motif religieux, l'Allemagne est agitée par une controverse sans précédent sur l'ablation du prépuce et l'intégration des traditions religieuses dans la société.
Le prépuce est à l’origine d’une importante polémique en Allemagne. Depuis le jugement du tribunal de Cologne condamnant la circoncision pour motifs religieux, la controverse fait rage outre-Rhin. Certains, notamment les musulmans et les juifs, invoquent la liberté religieuse. D'autres, la protection de l'enfance, sur fond de débat sur l'intégration culturelle.
Sur son nuage, Dieu lit le Jugement de Cologne, et lance au téléphone à ses collègues Allah et Yahvé : « Il faut qu'on se parle d'urgence, ces athées sont de plus en plus gonflés ». La caricature parue dimanche dans le quotidien berlinois de centre gauche Tagesspiegel résume avec malice la vigueur du débat.
Le 26 juin, le tribunal de grande instance de Cologne (ouest) rendait publique une décision jugeant que l'ablation du prépuce pour motif religieux était une « blessure intentionnelle », et était donc illégale. « Le droit d'un enfant à son intégrité physique prime sur le droit des parents », affirme notamment le jugement.
La situation se complique quand on sait que, selon un sondage, 56% des Allemands approuvent cette décision, et que 35% se disent contre. Le président de l'Aide à l'enfance allemande, Georg Ehrmann, est l'un des premiers à avoir pris position : « le droit de l'enfant à une enfance sans dommage devrait faire l'objet d'un consensus partagé par toutes les communautés religieuses ».
Quelque 4 millions de musulmans et 105 000 juifs
La Torah impose la circoncision avant le huitième jour. Le Coran ne la prescrit pas, mais la tradition est forte. Juifs et musulmans, soutenus par les églises protestante et catholique d'Allemagne, ne veulent pas attendre les 14 ans de la majorité religieuse pour que les garçons décident eux-mêmes.
Si sa portée jurisprudentielle est encore incertaine, la décision de justice crée une insécurité juridique et plusieurs institutions comme la Fédération des chirurgiens pour enfants, la Chambre des médecins allemands et la Société allemande pour la chirurgie de l'enfant, ont déconseillé cette opération à leurs adhérents.
« Nous essayons d'expliquer le contenu de ce jugement mais les parents sont complètement décontenancés, ils ne comprennent pas du tout », a expliqué Gerhard Nerlich, porte-parole de l'Hôpital juif de Berlin. « C'est quand même très surprenant et énervant. Nous disons aux gens : nous sommes vraiment désolés, nous faisons ça depuis des années mais maintenant, ce n'est plus possible », a-t-il ajouté, alors que l'établissement pratique entre 70 et 80 circoncisions pour motif religieux par an, dont un tiers sur des garçons juifs et deux tiers sur des petits musulmans.
La circoncision en Allemagne concerne environ un tiers de garçons juifs et deux tiers de petits musulmans.
La communauté musulmane, essentiellement d'origine turque, compte plus de 4 millions de membres, tandis que le Conseil central des Juifs d'Allemagne affirme représenter 105 000 personnes. Son président, Dieter Graumann, a jugé « scandaleuse » la décision de Cologne. « Dans tous les pays du monde, ce droit religieux est respecté », a-t-il affirmé.
"Le judaïsme et l'islam ne sont pas les bienvenus ici"
Et les critiques s'accumulent : « le judaïsme et l'islam ne sont pas les bienvenus ici », affirme, dans une tribune, l'universitaire Micha Brumlik, auteur de plusieurs ouvrages sur les relations entre judaïsme et histoire allemande. « Sans la circoncision, il ne peut pas y avoir de vie juive en Allemagne », souligne une autre professeur, Almut Bruckstein Coruh, spécialiste de philosophie hébraïque.
« Cette discussion, c'est encore quelque chose de typique à l'Allemagne », déplore Ramazan Kurugüz, représentant de la Conférence des associations islamiques (KILV), qui évoque le débat sur l'égorgement rituel et le port du foulard. « L'Allemagne doit reconnaître enfin la diversité qui existe dans ce pays, les musulmans, l'Islam font aussi partie de ce pays, de cette société », a-t-il dit en marge d'une conférence de presse d'une vingtaine d'associations musulmanes à Cologne.
Trancher le débat
Cette question de l'intégration fait débat avec plus ou moins d'acuité depuis de nombreuses années en Allemagne. Le président de la République, Christian Wulff, avait marqué les esprits en déclarant, en octobre 2010 : « l'islam fait partie de l'Allemagne ». Son successeur, Joachim Gauck, avait lui nuancé en juin dernier : « les Musulmans qui vivent ici font partie intégrante de l'Allemagne ».
Mais l'expression « Kulturkampf » (choc des cultures) fait florès dans les médias et chacun, qu'il soit partisan ou adversaire de la décision, se tourne justement vers les politiques pour trancher le débat.
Le ministre des Affaires étrangères Guido Westerwelle a déjà pris ses distances avec la décision, en affirmant qu’« il faut que ce soit clair : les traditions religieuses sont protégées en Allemagne ». Mais les communautés veulent plus et appellent le Parlement à se saisir du dossier pour garantir cette pratique.
La circoncision réduit-elle le plaisir ?
Des grandes études menées en Afrique mais aussi en Allemagne sont plutôt rassurantes. Mais les chercheurs ne sont pas tous du même avis.
La semaine dernière, une étude française menée en Afrique du Sud confirmait l'intérêt de la circoncision pour diminuer sensiblement le risque de contamination par le virus du sida dans ce pays où l'infection est très répandue. On ne peut évidemment pas extrapoler ce résultat à la France, où le virus circule moins, mais la question du rôle du prépuce dans le plaisir sexuel se trouve posée de facto.
De ce point de vue, les grandes études menées en Afrique mais aussi, plus récemment, en Allemagne sont plutôt rassurantes. Mais les chercheurs ne sont pas tous du même avis.
Il y a quelques années, une étude sud-coréenne révélait que la moitié des hommes circoncis après l'âge de 20 ans rapportaient une réduction du plaisir obtenu lors de la masturbation alors que 8 % notaient une augmentation. En outre, 6 % considéraient que leur vie sexuelle s'était améliorée mais 20 % qu'elle s'était détériorée.
En février dernier, c'est le Pr Piet Hoebeke et ses collègues du département d'urologie de l'université de Gand, en Belgique, qui invitaient les hommes à envisager avec prudence la circoncision selon l'âge. Par comparaison avec les hommes circoncis avant la puberté, ceux qui l'avaient été dans l'adolescence étaient en effet moins nombreux à déclarer éprouver du plaisir sexuel au niveau du gland. Ils étaient aussi plus nombreux à se plaindre d'inconfort, de sensations étranges, voire de douleurs au niveau de la hampe de la verge.
L'existence d'un moment idéal pour pratiquer la circoncision est cependant discutable car sur des critères plus larges concernant la satisfaction sexuelle une étude des Pr Hosseini et Mohseni, de l'université de Téhéran, publiée en 2011, ne trouvait aucune différence entre une circoncision avant ou après 18 ans.
Fort opportunément, face à ces données contradictoires, des chercheurs des universités de Sidney et de Washington ont repris tous les articles publiés sur ce sujet dans les revues scientifiques internationales. En rassemblant les données, ils concluent dans un article à paraître dans le Journal of Sexual Medicine que, contrairement aux études à la méthodologie fragile, les travaux de bonne qualité convergent tous pour montrer que la circoncision n'a pas d'impacts négatifs sur la fonction sexuelle (par exemple, la fréquence de l'éjaculation prématurée), la sensibilité, les sensations et la satisfaction sexuelle.
Le baiser, baromètre de la relation du couple
Le baiser romantique servirait avant tout à tester et choisir le bon partenaire afin de pouvoir le conserver.
Qu'y-a-t-il dans un baiser? Quelle est sa fonction, sa finalité? Bien des théories existent et, généralement, on attribue au «french kiss» un rôle essentiel dans les relations entre individus car il agit dans trois domaines essentiels: il ouvre la voie à l'acte sexuel ; il y apporte du romantisme ; il témoigne de l'attachement des personnes qui s'embrassent. Autrement dit, il devrait aider à trouver un partenaire, à s'engager et à le conserver. Des chercheurs du département de psychologie expérimentale de l'université d'Oxford ont tenté de classer par ordre d'importance ces trois fonctions du baiser (travaux publiés dans Archives of Sexual Behavior et Human Nature ).
Il y a évidemment une dimension physiologique au baiser. Il provoque, normalement, une libération de neurotransmetteurs comme la dopamine (impliqué dans le désir et le plaisir) ou la sérotonine (pour l'humeur) et mobilise au moins une quinzaine de muscles de la bouche et de la langue ainsi que trois sens (goût, toucher et odorat).
Cela contribue sans doute à sa dimension psychologique. Car l'enjeu est de taille. Pour mieux le cerner, les chercheurs ont interrogé par questionnaire 900 personnes âgées de 18 à 63 ans dont 55 % étaient dans une relation amoureuse à long terme.
Ces 308 hommes et 594 femmes ont répondu à des questions comme: «quelle importance accordez vous au baiser dans les premiers stades d'une relation?» ou «quelle importance accordez vous au baiser dans une relation à long terme avant, pendant ou après l'acte sexuel ou à n'importe quel autre moment?»
Les informations apportées par le baiser
Premier résultat, les femmes considèrent en moyenne le baiser plus important que ne le font les hommes. Les chercheurs avaient également pris en compte le fait que les personnes interrogées se trouvaient plus ou moins attractives et avaient eu plus ou moins de partenaires. Dans le cas des personnes, hommes ou femmes, se pensant plus attractifs ou attractives que les autres, et ayant eu plus de partenaires sur des rencontres à court terme, le résultat est le même: le baiser est plus important pour eux que pour les autres.
Les chercheurs expliquent le premier résultat par le fait que les femmes, destinées à avoir des enfants, sont plus exigeantes sur leurs choix de partenaires et que le baiser est une façon de «mieux» choisir leur partenaire. «Ce choix et le processus de faire la cour sont très complexes, estime le Pr Robin Dunbar, l'un des auteurs de l'étude. Cela implique une série de périodes d'interrogations où l'on se dit «faut-il que j'approfondisse cette relation?»
L'attraction initiale peut inclure le visage, le corps, des considérations sociales… Ainsi, cette évaluation va-t-elle de plus en plus dans l'intimité des personnes, et c'est là qu'interviennent les informations apportées par le baiser». Une précédente étude avait avancé que 66 % des femmes et 59 % des hommes avaient déjà «cassé» avec leur partenaire à la suite d'un baiser «raté».
Autres résultats de la plus récente étude, le baiser dans les relations courtes est plus important avant une relation sexuelle, un peu moins pendant et encore moins après ou dans n'importe quelle autre circonstance. Dans les relations «durables», le baiser est aussi important avant une relation sexuelle que dans n'importe quelle autre circonstance hors sexe. Autre fait d'intérêt, la réaction des femmes au «french kissing» dépendrait de leur cycle menstruel.
Elles seraient plus réceptives au début d'une relation lorsqu'elles sont en phase de conception possible. «Il apparaît qu'embrasser un possible partenaire romantique à ce moment-là aide la femme à estimer la qualité «génétique» de ce partenaire potentiel», concluent les chercheurs. Et si les femmes continueraient à plus embrasser, c'est parce que c'est là leur façon de tester «l'état» de leur couple. Le baiser, détecteur de possibles «bons» partenaires et baromètre des relations dans un couple ?
C'est tout ?
Sexe : les hommes et les femmes ont des regrets différents
En matière de passé sexuel, les hommes déplorent les occasions manquées, et les femmes les expériences décevantes.
Une série d'études menées à l'université de Californie par le Pr Andrew Galperin et ses collègues de plusieurs centres de recherche américains vient confirmer le double standard qui continue de régner en matière de sexe. À l'évidence, la pression sociale varie selon le genre. La multiplication des expériences est valorisante pour un homme, alors que le même comportement est dévalorisant pour une femme, révèlent ces travaux publiés récemment dans la revue Archives of Sexual Behavior.
Dans une première étude, 200 étudiants (122 femmes, 78 hommes) ont été soumis à deux scénarios différents. Un premier où, par excès d'hésitation (inaction), ils manquaient l'occasion d'une aventure sexuelle avec un ou une nouvelle partenaire attirant (e) et disponible rencontré (e) lors d'une soirée. Et un second où une aventure d'un soir (action) s'avérait sexuellement décevante a posteriori. Résultat: les femmes ont éprouvé des regrets beaucoup plus intenses que les hommes avec le scénario d'une nuit décevante, alors que les hommes en ont ressenti davantage à l'idée d'une occasion manquée. Presque une confirmation du proverbe qui veut que «Pour être infidèle, les femmes ont besoin d'une bonne raison, les hommes d'une bonne occasion»!
Infidélité: les femmes culpabilisent davantage
Pourtant, regretter une infidélité réelle (et non plus hypothétique) n'est pas l'apanage des femmes. Dans une deuxième expérience, conduite sur une population âgée en moyenne de 40 ans pour les hommes (146 interrogés) et 33 ans pour les femmes (239 interrogées), «avoir trompé son partenaire, actuel ou passé», était le 2e regret le plus fréquent pour les femmes (23 %), juste derrière «avoir perdu sa virginité avec le mauvais partenaire» (24 %) et devant «une relation étant trop vite allée au sexe» (20 %). L'infidélité figurait au 5e rang du hit-parade des regrets masculins. Comme esquissé dans la première étude, les hommes affichaient d'abord des regrets sexuels en lien avec une inaction: «avoir été trop timide pour dire à quelqu'un son attirance sexuelle» (27 %), «ne pas avoir été sexuellement plus entreprenant dans sa jeunesse» (23 %), «ne pas avoir eu plus d'aventures lorsque l'on était seul» (19 %) et «ne pas avoir assez eu assez d'expériences sexuelles» (18 %).
Pression de performance
Une troisième étude réalisée par les mêmes chercheurs, cette fois par internet, auprès de 24.200 personnes, montre enfin qu'il ne faut pas être trop manichéen. Elle révèle par exemple que 18 % des femmes regrettent de ne pas avoir été sexuellement plus entreprenantes dans leur jeunesse ou lorsqu'elles étaient seules (17 %). A mettre en balance avec le principal regret féminin: «être allée «trop vite» ou s'être engagée dans trop d'activités sexuelles avec son partenaire actuel ou passé» (43 %). Autres regrets fréquents, puisqu'ils concernent plus d'une femme sur trois: avoir eu une expérience sexuelle «avec quelqu'un qu'elle connaissait à peine» (d'autres études montrent qu'il est plus difficile pour une femme que pour un homme d'avoir un orgasme avec un partenaire occasionnel), ou «avec quelqu'un qui s'est avéré un piètre partenaire sexuel», voir même «avec quelqu'un qui n'était pas attirant».
Les lesbiennes et bisexuelles, remarquent les auteurs, avaient en revanche globalement moins de regrets pour leurs expériences sexuelles que les hommes.
Cette dernière étude traduisait peut-être une certaine amertume vis-à-vis de la pression de performance à laquelle se soumettent les hommes. Certes, la moitié regrettaient de ne pas avoir réalisé plus d'expériences quand ils en avaient l'opportunité, mais l'un des premiers regrets, concernant 40 % des hommes, était de s'être engagé dans des activités sexuelles avec des partenaires qui n'étaient pas séduisantes.
Et si l'on quitte le sexe pour les sentiments, ce qu'ont fait les chercheurs dans la première étude, on s'aperçoit enfin que les femmes regrettaient plus intensément que leurs homologues masculins les aventures amoureuses ayant échoué. Les hommes seraient-ils culturellement conditionnés à panser leurs blessures plus vite?
Sexe et argent n'excitent pas le cerveau de la même façon
Cette découverte française pourrait permettre de mieux comprendre l'addiction au jeu.
Notre cerveau ne mélange pas le sexe et l'argent. Du moins à un certain degré. Une équipe de chercheurs dirigée par Jean-Claude Dreher, du centre de neurosciences cognitives de Lyon (CNRS/université Claude Bernard-Lyon 1) vient en effet de montrer que ces plaisirs sont, en bonne partie, traités dans deux zones distinctes du cortex orbitofrontal, une région située au-dessus des yeux, dans la partie antérieure et ventrale du cerveau. Cette découverte, publiée ce mercredi dans The Journal of Neuroscience, devrait permettre de mieux comprendre certaines pathologies comme l'addiction aux jeux d'argent.
Jusqu'à présent, les neurobiologistes ne connaissaient qu'un seul circuit dit «de la récompense» ou «de l'expérience subjective du plaisir» (nourriture, sexe, argent…). Il s'agit du réseau de neurones à dopamine situé dans la partie «reptilienne» de notre cerveau, également impliqué dans la dépendance à certaines drogues comme la cocaïne.
Mais toutes les sensations agréables ne se valent pas. Plusieurs niveaux de complexité séparent les plaisirs archaïques suscités par la satisfaction de besoins physiologiques innés (manger, boire, avoir des relations sexuelles…) et les plaisirs plus élaborés (l'argent, le pouvoir, la séduction amoureuse, la connaissance) qui sont de l'ordre de l'acquis. D'où l'hypothèse que «ces récompenses “primaires” ou “secondaires” sollicitent parallèlement, en raison de leurs particularités propres, des zones du cerveau bien distinctes», souligne le CNRS dans un communiqué.
Cette découverte devrait permettre de mieux comprendre certaines pathologies comme l'addiction aux jeux d'argent. Crédits photo :
MYCHELE DANIAU/AFP
Pour le vérifier, les chercheurs lyonnais ont proposé à dix-huit jeunes hommes volontaires de moins de 25 ans de se prêter à une expérience originale sous forme de jeu permettant, soit de gagner de l'argent, soit de voir des images érotiques. Dans le même temps, leur activité cérébrale était enregistrée à l'aide d'un scanner IRM. Résultat: Jean-Claude Dreher et ses collaborateurs ont montré qu'il existe bel et bien une dissociation entre récompenses primaires et secondaires à l'intérieur du cortex orbitofrontal. En effet, la partie postérieure de cette région (plus ancienne sur l'échelle de l'évolution) est activée spécifiquement par les images érotiques (plaisir archaïque), alors que sa partie antérieure (d'apparition plus récente) l'est spécifiquement par les gains d'argent (plaisir élaboré). «Plus les récompenses sont abstraites et complexes, plus leur représentation sollicite des régions antérieures, et donc récentes, du cortex orbitofrontal», résume Jean-Claude Dreher.
Son équipe mène actuellement une expérience similaire sur des joueurs pathologiques afin de vérifier si le réseau spécifique à l'argent est d'avantage sollicité ou perturbé chez ces personnes. Par le passé, ces scientifiques ont déjà montré que le cerveau des hommes serait plus réceptif aux jeux d'argent que les femmes. «Il est intéressant de comprendre ce qui se passe dans le cerveau de nos patients , explique le P r Michel Reynaud, chef du service d'addictologie de l'hôpital Paul-Brousse de Villejuif (Val-de-Marne). À terme, l'identification des régions cérébrales impliquées dans l'addiction au jeu pourrait nous permettre de vérifier l'efficacité des traitements médicamenteux ou des psychothérapies que nous prescrivons.»
Le cerveau des femmes plus actif que celui des hommes

Voilà une étude qui risque bien de réveiller quelques poncifs… La chercheuse canadienne Adrianna Mendrek, du Département de psychiatrie de l'Université de Montréal et du Centre de recherche Fernand-Seguin de l'hôpital Louis-H. Lafontaine, livre en substance ce constat : le cerveau des femmes est plus actif que celui des hommes.
Entre autres banalités on entend souvent que les hommes savent, mieux que les femmes, ne penser à rien. Cette «vertu» pourrait en réalité fait reposer sur un fait neurologique bien réel. Au repos, l'activité neuronale du cerveau appelé «réseau par défaut» est en effet plus grande chez les femmes que chez les hommes.
Est-ce à dire que le cerveau des femmes ne se repose jamais ? «En réalité, tous les cerveaux sont en perpétuelle activité, répond la chercheuse au Figaro.fr. C'est une question de niveaux, mais on peut dire en effet que le cerveau des hommes se repose plus et mieux que celui des femmes».
«Les femmes étaient dans l'auto-évaluation»
Adrianna Mendrek tient toutefois à préciser que «cette découverte a été faite un peu par hasard, dans un contexte bien précis, et qu'elle mérite davantage d'investigations». Spécialiste de la schizophrénie, la chercheuse réalisait une étude sur des sujets atteints de cette maladie pour comparer leur activité cérébrale en activité et au repos, en fonction des sexes. Comme pour toute étude clinique, il est conseillé de disposer d'un panel de sujets sains pour pouvoir comparer les résultats.
C'est ainsi que 42 hommes et femmes non schizophrènes et âgés de 25 à 45 ans, se sont retrouvés à accomplir une tâche de rotation mentale à partir d'une figure à trois dimensions pendant que leur activité cérébrale était mesurée par résonance magnétique. La même mesure d'activité neuronale était prise pendant que les sujets se reposaient entre deux exercices. Constat de la chercheuse et de son équipe : «Au repos, les femmes étaient dans l'auto-évaluation de ce qu'elles venaient de faire, et se projetaient dans ce qu'elles devraient réaliser ensuite, alors que les hommes parvenaient complètement à se détendre».
«Pression sociale»
«Nous ne sommes pas encore en mesure de dire quelle part a la pression sociale et quelle autre part ont les hormones biologiques dans cette différence, avance Adrianna Mendrek. Dans notre société actuelle, les femmes sont constamment préoccupées par plusieurs tâches et doivent gérer davantage de choses que les hommes, aussi ce résultat n'est-il guère surprenant.»
Des mesures de taux d'œstrogènes et de testostérone ont été faites durant cette étude. Reste à l'équipe d'essayer d'établir un lien avec les mesures d'activité observées, pour en définir le rôle exact. Et déterminer ainsi la part des hormones et celle de la «pression sociale»» dans la plus grande activité cérébrale des femmes au repos. Pour l'heure, les résultats de cette étude ne sont pas encore publiés.
Que se passe-t-il dans le cerveau des amoureux ?
La réponse de Jean-Didier Vincent, membre de l'Académie nationale de médecine.
Il est de bon ton d'opposer l'amour, qui est de l'ordre du sentiment, et le sexe, qui se résume dans l'acte charnel. Ce dualisme ne tient pas la route. L'amour est toujours une affaire de désir et ce dernier a toujours son siège dans le cerveau. Nous sentons avant d'agir et l'affect qui vient du corps précède l'acte dicté par la force impérieuse du désir. Ce n'est donc pas dans le cœur, qui n'est qu'un exécutant, que s'accomplit l'amour (c'est-à-dire le sexe), mais dans cet organe où se rassemblent les perceptions et les décisions: le cerveau. C'est un cerveau que les amoureux devraient graver dans l'écorce des arbres et non un cœur. C'est encore dans le cerveau que naissent la jouissance mais aussi la souffrance, qui sont les acolytes du désir.
Tout se passe dans la partie basse du cerveau, une région en forme d'entonnoir qu'on appelle l'hypothalamus; elle a à peu près la taille d'un ongle et rassemble en son sein les centres de commandes des grandes fonctions du corps: reproduction, régulation de la prise alimentaire et de la soif, contrôle du poids, maintien constant de la température de l'organisme et enfin sommeil. Elle est de plus traversée par les voies nerveuses du plaisir et de la souffrance, les systèmes qui font naître le désir et l'entretiennent. Bref, dans cette «cave» du cerveau se trouve tout ce qui est nécessaire à l'entretien de la vie.
Cet hypothalamus n'est pas seulement l'espace étroit où s'entassent les centres nerveux de ces fameuses fonctions; c'est aussi une glande qui déverse ses produits des sécrétions dans la circulation sanguine destinée à irriguer l'hypophyse, glande importante puisqu'elle commande toutes les autres grâce à ses hormones appelées stimulines. Celles-ci à leur tour dirigent la sécrétion des hormones sexuelles.
Cette cascade de commandements rappelle l'armée, avec le général hypothalamus, les officiers hypophysaires et les soldats gonadiques.
En retour, ces hormones agissent sur leurs cellules émettrices pour les freiner ou pour les stimuler; ce que l'on appelle des rétroactions (ou feedbacks).
Au moment de la puberté, il y a un signal chimique dans l'hypothalamus qui déclenche une tempête hormonale. On sait aujourd'hui que c'est une molécule peptidique (une petite protéine), le kiss-peptide, qui entraîne le rythme accéléré de la lulibérine qui, à son tour, provoque la libération massive des hormones sexuelles (progestérone et œstradiol chez la femme, testostérone chez l'homme) rendant les jeunes aptes à la reproduction. Quant au kiss-peptide, une hormone du corps sécrétée par les cellules graisseuses, la leptine, déclenche sa sécrétion. Cela explique que l'âge de la puberté soit relié à la masse graisseuse. On observe que les filles un peu enveloppées ont été réglées plus tôt. Bien complexe l'horlogerie qui contrôle les hormones sexuelles!
Systèmes désirants
C'est dans l'hypothalamus et les régions voisines du cerveau que s'exécute la musique du désir sexuel. Les musiciens (les centres) sont placés autour et en avant du troisième ventricule, un espace occupé par du liquide communiquant avec les deux ventricules latéraux situés dans chaque hémisphère: un vaste réseau de pièces d'eau qui permet la diffusion de toutes sortes de substances, de sels et d'hormones, au cœur du cerveau.
Je rappelle que cet hypothalamus est aussi l'endroit qui sert à manger, à boire et à dormir, autant d'activités qui ne sont pas étrangères au sexe. Les centres du comportement mâle coexistent avec les centres du comportement femelle dans les cerveaux des deux sexes. L'aire antéro-dorsale située en avant de l'hypothalamus joue un rôle dans le comportement mâle. Ce centre reçoit des informations en provenance de toutes les modalités sensorielles; il intègre les impressions qui concourent à entretenir le feu du désir et à déclencher la phase pré copulatoire. Il assure ensuite la poursuite de l'acte proprement dit.
La dopamine est le neuromédiateur principal impliqué dans l'activation du centre. La dopamine spécialisée dans le sexe provient de neurones situés dans le voisinage du centre mâle. Elle est différente de celle impliquée dans les systèmes désirants généraux qui parcourent la base du cerveau et irriguent le cortex cérébral.
Ce système dopaminergique spécifique explique que le désir sexuel fasse relativement bande à part parmi ses compagnons de plaisir. Une des raisons de cette indépendance pourrait être son rôle dans l'évolution des espèces et la nécessité de le protéger grâce à un régime spécial. Ce centre n'agit pas seul, mais en étroite relation avec les régions qui contrôlent la motricité et notamment les postures sexuelles; sont également concernées les zones qui interviennent dans la mémoire - aimer chez l'homme, c'est souvent se souvenir - et les émotions.
En bref, tout ce qui donne un sens à l'amour au-delà de la simple nécessité pour l'espèce de se reproduire. Le centre a aussi des connexions spéciales avec l'odorat dont le rôle est essentiel dans la rencontre amoureuse.
La région ventrale et médiane de l'hypothalamus est impliquée dans le comportement sexuel femelle, mais de façon non exclusive. Elle participe également au contrôle du comportement alimentaire et, d'une façon plus générale, à l'aspect négatif et douloureux des conduites animales. L'introduction d'œstradiol dans cette structure chez une femelle castrée corrige la perte du comportement sexuel qui a suivi l'ablation des ovaires.
Mais il faut signaler que l'implantation d'œstradiol dans ce noyau chez un rat mâle castré entraîne chez celui-ci l'adoption d'une posture sexuelle femelle et l'acceptation des hommages de partenaires du même sexe! Il faut aussi compter avec les endorphines qui s'opposent à la douleur occasionnée chez la femelle par l'acte sexuel.
La mission essentielle des centres sexuels est de contrôler la mécanique du sexe déclenchée au niveau de la moelle épinière par les stimulations génitales.
Ces dernières, soumises à l'influence directe des hormones sexuelles (rut ou chaleur), suffisent à enclencher le déroulement de l'acte sexuel chez une femelle.
Ces données concernent bien sûr l'animal, essentiellement les rongeurs qui ont servi de modèle expérimental. Ces mêmes centres sont à l'œuvre chez l'homme, mais les régions génitales sont sous un contrôle sévère des étages supérieurs du cerveau: l'amour n'est pas un réflexe. Le désir sexuel est dans la tête, pas dans le bas-ventre.
C'est dans les deux régions mâle et femelle de l'hypothalamus que se fait l'intégration des sensations, des gestes d'amour, des émotions, de l'anxiété aussi, qui vont déclencher ou inhiber l'acte sexuel proprement dit. Comme on le voit, le masculin et le féminin coexistent dans le cerveau et dans toute la vie de l'humain. On peut imaginer à titre d'hypothèse que les deux structures forment les plateaux d'une balance dont le fléau indiquerait l'orientation sexuelle de l'individu, autant dire l'attrait pour un partenaire mâle ou femelle: être hétéro ou homosexuel, rien ne paraît joué d'avance.
Examinons maintenant ce qui se passe dans le cerveau et le corps lors de l'accouplement des deux amants. Une hormone sécrétée par des gros neurones de l'hypothalamus, l'ocytocine, est libérée dans le cerveau en réponse aux stimulations de la sphère génitale.
Elle accompagne la montée en puissance du couple désir/plaisir en provoquant l'amplification des systèmes dopaminergiques. Déversée dans la circulation sanguine par l'hypophyse, elle accentue les contractions rythmiques des muscles génitaux qui amplifient en retour sa libération, réflexe contribuant ainsi à emballer le système jusqu'à l'orgasme. Celui-ci tient ses états dans le cerveau, qui gère le plaisir et orchestre les manifestations organiques.
Mots et molécules
Une puissante analgésie bloque le caractère douloureux des violentes stimulations mécaniques que s'imposent les sexes conjugués; elle fait taire la souffrance pour que la jouissance puisse s'exprimer librement. L'homme et la femme sont, pendant un court moment, confondus dans leur être. L'ocytocine ne limite pas son action à son rôle dans l'orgasme.
Libérée dans le sang lors de l'allaitement, elle permet l'éjection du lait lors de la succion du mamelon par le bébé. Libérée dans le cerveau, elle facilite l'attachement entre partenaires, ce qui la fait abusivement appeler hormone de la fidélité. Elle joue également un rôle majeur dans le comportement maternel.
Pour conclure, l'amour chez l'humain n'est guère différent physiquement de ce que l'on peut observer chez l'animal; il s'enrichit, en revanche, de toutes les capacités psychiques et morales de l'espèce. L'animal fait l'amour, mais n'en parle pas; l'humain vit l'amour et le raconte. Le discours amoureux est partie intégrante de l'acte sexuel, que celui-ci soit accompli dans la réalité ou rêvé.
L'homme ne fait pas seulement l'amour, il en parle au point que parfois l'acte sexuel disparaît au profit du roman d'amour que vivent les deux amants. Au niveau des régions dévolues au langage et à l'imaginaire, il ne s'agit plus tant alors de molécules chimiques que de mots, le plus beau étant le verbe «aimer».
*Auteur entre autres de «Voyage extraordinaire au centre du cerveau», éd. Odile Jacob et du «Sexe expliqué à ma fille», éd. du Seuil.