dimanche 4 mai 2014

De quoi les femmes ont-elles vraiment envie ? (Partie 1)

Près de cinquante ans après Mai 68, s’il est une chose que la révolution dite sexuelle aura permise, c’est bien la libération de la parole, et particulièrement celle des femmes. Dans notre sondage, la quasi-totalité d’entre elles (97 %) a le sentiment qu’elles peuvent et osent parler davantage de leurs désirs sexuels, et ce, tous critères confondus, quel que soit leur âge, leur niveau d’études ou leur situation de famille. 82 % perçoivent d’ailleurs cette libération comme un phénomène positif. Les femmes se sentent plus libres d’exprimer leurs désirs, trouvent « facile » de parler de leurs positions préférées avec leur partenaire (70 %), de leurs pratiques (66 %) et de leur jouissance (64 %), moins toutefois de leurs fantasmes (49 %).
 
Elles pensent que les hommes en parlent et les réalisent plus souvent qu’elles. Ce qui ne surprend pas le psychanalyste et sexothérapeute Alain Héril : « L’inconscient collectif féminin reste encore imprégné de l’idée que le fantasme est masculin. Depuis vingt-cinq ans, dans mon cabinet, je reçois des femmes qui me disent qu’elles n’ont pas de fantasmes. Et quand je leur réponds qu’elles en ont peut-être mais qu’elles ne veulent pas y accéder, elles me regardent comme si ce n’était pas envisageable. Pourtant, les images fantasmatiques sont bien présentes en elles. Simplement, elles ne se donnent pas de droit d’entrée. »
 
Les âges sexuels de la femme
Il a reçu des femmes en consultation pendant vingt ans. L’expérience d’Alain Héril, psychanalyste et sexothérapeute, lui a permis de brosser six profils psychosexuels selon les âges. Une vision rassurante de la sexualité féminine (...).
La psychanalyste Sophie Cadalen partage ce point de vue et souligne que, souvent, « les femmes surestiment la capacité des hommes à parler de leurs fantasmes. Et si elles évoquent plus facilement leur plaisir, c’est que celui-ci est au coeur des codes en vigueur : supposé délicat pour elles, il ne cesse d’être interrogé comme un Graal à conquérir pour être une “vraie” femme ».
Est-ce à cause de ce mythe – le statut de « femme » qui ne s’atteindrait que grâce à l’épanouissement sexuel – que leurs attentes ne sont pas totalement comblées ?

Elles veulent faire plus et mieux l’amour

La note de satisfaction qu’elles décernent à leurs relations sexuelles n’est pas mauvaise, mais pas non plus exceptionnelle (7,1 sur 10). Si, comme le soutient Platon, et avec lui les psychanalystes lacaniens, désirer c’est manquer, alors la mission est accomplie. Les femmes sont loin d’atteindre la béatitude de la satiété. Moins d’une sur cinq attribue une note comprise entre 9 et 10 (19 %) à son plaisir au cours de ses rapports, tandis qu’un tiers se montre relativement critique en lui donnant une note inférieure ou égale à 6 sur 10 (30 %). Curieusement, le fait d’être en couple ou célibataire n’influe pas vraiment sur la note.
 
C’est un peu comme si le temps passé avec l’autre n’avait pas contribué à nourrir la complicité, la connaissance du corps et des goûts de celui qui partage leurs nuits. Si la plus forte proportion de femmes (21 %) qui donnent une note située entre 9 et 10 est mariée, ce sont également elles qui distribuent les plus mauvaises appréciations (elles représentent 27 % de celles qui attribuent une note entre 4 et 6 sur 10).

En termes de fréquence, en tout cas, la rareté des rapports sexuels n’est pas la norme. Aujourd’hui, une femme sur deux déclare faire l’amour au moins une fois par semaine (51 %, dont 4 % au moins une fois par jour, 27 % entre deux et cinq fois par semaine et 20 % une fois par semaine).
 
Malgré ces résultats, beaucoup souhaiteraient faire l’amour plus souvent. Presque une femme sur deux aimerait avoir des relations sexuelles plus fréquentes qu’aujourd’hui (47 %), et seulement 6 % avouent qu’elles préféreraient faire l’amour moins souvent (contre 46 % qui se montrent satisfaites de la fréquence actuelle de leurs relations sexuelles). Est-ce la vie quotidienne stressante qui les épuise et les éloigne du sexe ? Ou les hommes auraient-ils, à leur tour, « la migraine » ? Sont-ils effrayés par les femmes, particulièrement par les jeunes ? Les 18-24 ans sont en effet très nombreuses à affirmer vouloir faire l’amour plus souvent (61 %).
 
10 questions sexo à Alain Héril 
A quoi est due la perte de désir ? Comment dire non ? Se masturber, est-ce tromper ? Les préliminaires sont-ils obligatoires ? Le sexothérapeute vous donne les clés d'une sexualité épanouie (...).
La psychanalyste Catherine Blanc refuse, elle, d’aborder le problème sous un angle quantitatif : « Nous n’avons pas besoin de faire l’amour quatre fois par jour. Que voudrait dire cette revendication : faire la démonstration de nos capacités ? La sexualité, c’est la rencontre de deux élans, celui du corps – la mobilisation du système nerveux – et ce que l’humain va en faire : refuser peut-être cette excitation corporelle, ou l’accueillir.
 
Et qui sait, avoir un orgasme ?
Tout cela dépend de l’individu, de son âge, de ses préoccupations et de sa quête dans sa relation au partenaire, mais aussi à la société. La sexualité est le théâtre de grands enjeux : nous ne sommes pas seuls dans un lit. Nous sommes avec notre corps, avec l’idée que nous en avons, mais aussi avec la relation, ses impératifs, la perception que nous nous en faisons, avec l’enfant que nous étions, avec ce que la société imagine de ce que nous devons être à 20, 30, 40, 50 ou 60 ans. »
 
C’est cette influence de l’environnement extérieur, des normes définies par la société, qui perturbe notre rapport à la sexualité, assure Sophie Cadalen. « L’angoisse de mes patients se résume toujours à cette interrogation : “Est-ce que je suis normal ?”
Et à mon sens, quand les femmes affirment vouloir faire plus fréquemment l’amour, c’est de ça dont il est question car, pour le reste, elles ont l’air assez satisfaites : 7,1 comme note, ce n’est vraiment pas mal.
 
Se plaignent-elles parce qu’elles ont envie ou parce qu’“il faudrait” ? Honnêtement, j’ai l’impression que les femmes deviennent aujourd’hui de plus en plus actrices de leur sexualité. » Une affirmation corroborée par les chiffres : 53 % affirment prendre souvent l’initiative de l’acte sexuel. Les jeunes âgées de 18 à 24 ans sont 18 % à affirmer le faire très souvent (contre 6 % pour les 45-59 ans). L’égalité est en marche.
 
A SUIVRE...
http://danylover-sex-news.blogspot.com/2014/05/de-quoi-les-femmes-ont-elles-vraiment.html

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